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اقتصاد LA TUNISIE EST ELLE UN PAYS PAUVRE TROP ENDETTÉ ? Par Mohsen Hassen

نشر في  15 ماي 2021  (18:22)

Par Mohsen Hassen
LA TUNISIE EST ELLE UN PAYS PAUVRE TROP ENDETTÉ ? 
LE MÉCANISME PPTE EST-IL LA SOLUTION ADAPTÉE POUR LA TUNISIE ?
Le Conseiller du Président français Macron vient de déclarer que la Tunisie n’a pas présenté une demande pour bénéficier du cadre commun du traitement de la dette des pays pauvres touchés par le Covid-19, mis en place entre le G20 et le Club de Paris,
L’initiative PPTE, mise en place en 1996 et renforcée en septembre 1999, est destinée à alléger la dette des pays très pauvres et très endettés, avec le modeste objectif de la rendre juste soutenable.
Le 13 novembre 2020, les pays du G 20 avaient annoncé un « cadre commun » sur une restructuration de la dette des pays pauvres qui se fera « au cas par cas », afin de les aider à faire face aux risques d’insolvabilité suite au ralentissement économique due à la pandémie COVID-19.
Cette initiative se déroule en 4 étapes particulièrement exigeantes et complexes.
Tout d’abord, le pays qui sollicite une aide au titre de cette initiative doit mener , en général pendant 3 ans, des politiques économiques approuvées par le FMI et la Banque mondiale, sous forme de programmes d’ajustement. Il continue alors à recevoir l’aide classique de tous les bailleurs de fonds concernés. Pendant ce temps, il doit adopter un document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), parfois juste sous une forme intérimaire, et avoir obtenu des résultats dans l’application de cette stratégie pendant au moins un an.
À la fin de ces 3 années, arrive le point de décision : le FMI analyse le caractère soutenable ou non de l’endettement du pays candidat. Si la valeur nette du ratio stock de la dette extérieure / exportations est supérieure à 150 % après application des mécanismes traditionnels d’allègement de la dette, le pays peut être déclaré éligible. Cependant, les pays à niveau d’exportations élevé (ratio exportations/PIB supérieur à 30 %) sont pénalisés par le choix de ce critère, et on privilégie alors leurs recettes budgétaires plutôt que leurs exportations. Donc si leur endettement est manifestement très élevé malgré un bon recouvrement de l’impôt (recettes budgétaires supérieures à 15 % du PIB, afin d’éviter tout laxisme dans ce domaine), l’objectif retenu est un ratio valeur nette du stock de la dette / recettes budgétaires supérieur à 250 %.
Troisième temps, si le pays est déclaré admissible, il bénéficie de premiers allègements de la part des États créanciers et des banques privées, et doit poursuivre avec les politiques agréées par le FMI et la Banque mondiale. La durée de cette période est déterminée par la mise en œuvre satisfaisante des réformes clés convenues au point de décision, dans un souci de maintien de la stabilité macroéconomique.
A l’issue, arrive le point d’achèvement. Le reste de allègement est alors fourni, pour permettre au pays de revenir à des critères de soutenabilité jugés satisfaisants.
Le coût de cette initiative est estimé à 76 milliards de dollars, soit environ 2,6% de la dette extérieure du Tiers Monde.
Les PPTE sont au nombre de 42 seulement, dont 34 en Afrique subsaharienne, auxquels il convient d’ajouter le Honduras, le Nicaragua, la Bolivie, la Guyana, le Laos, le Vietnam et Myanmar.
Seulement 27 pays ont atteint le point de décision, et 8 sont parvenus au point d’achèvement : l’Ouganda, la Bolivie, le Mozambique, la Tanzanie, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Mali et le Bénin.
Pour évaluer cette initiative , l’agence de notation Standard & Poor’s a publié une étude intitulée : La résurgence des risques sur le remboursement de la dette en Afrique subsaharienne suggère un échec de l’initiative PPTE
Cette étude approfondie confirme la résurgence des risques sur le remboursement de la dette en Afrique subsaharienne et l'échec de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).
« Quand elles ont été décidées, ces actions devaient sans doute être un remède à prise unique et faire disparaître le problème de la dette dans les pays concernés. Or, à peine 15 ans après, nous voici revenus quasiment au point de départ », regrette Ravi Bhatia, analyste chez S&P Global Ratings.
« Échec est peut-être un mot un peu fort. Mais en tout cas, il ne s’agit pas d’une franche réussite », nuance l’analyste
A mon sens , le mécanisme PPTE, comme proposition de résolution de la crise économique et financière en Tunisie présente des limites et ne garantit pas la tolérabilité du niveau de l'endettement du pays .
Il est temps d'agir rapidement et d'implémenter les grandes réformes économiques et financières, avec l'assistance et l'accompagnement des institutions financières internationales, afin de dégager suffisamment de ressources propres et réduire la dépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds étrangers.
Les réformes structurelles préconisées sont en mesure d'accélérer la reprise, de réduire les inégalités de revenus et de stimuler la croissance .